Acteur, dramaturge, directeur de théâtre né à Rouen dans une famille d’ouvriers, Pierre-Martinien Tousez, dit Bocage, se forme au théâtre en autodidacte avant de gagner Paris et d’échouer à l’entrée au Conservatoire. Les nécessités financières le conduisent à commencer sa carrière en province dans des théâtres de second rang, expérience suivie par des premiers pas maladroits à la Comédie-Française (1821) et au théâtre de l’Odéon (1822-1831). Il intègre par la suite la troupe du théâtre de la Porte-Saint-Martin. Dirigé depuis 1831 par l’homme de plume François-Antoine Harel (1790-1846), on y joue les drames romantiques d’auteurs contemporains tels Victor Hugo, Alexandre Dumas, George Sand, Casimir Delavigne ou Victorien Sardou. Bocage rencontre un grand succès dans ce répertoire, tenant notamment des rôles de premier ordre dans Antony (1831), Marion Delorme (1831), La Tour de Nesle (1832) ou encore Don Juan de Marana (1836).

En juin 1845, Bocage prend la direction du théâtre de l’Odéon pour trois ans. A son initiative, chaque année une exposition est organisée dans le foyer pour distraire le public au cours des entractes. En 1845, Delacroix expose trois œuvres : un Christ en croix, un Saint Jérôme, un Hamlet apercevant le spectre (lettre à George Sand, 25 octobre 1845). Démissionnaire de ses fonctions en 1847, Bocage retrouve la direction du théâtre en 1849 à la faveur de ses opinions républicaines affichées. Dès 1850, il organise à nouveau une exposition de peinture pour laquelle Delacroix donne une toile au sujet tiré de Christine, drame d’Alexandre Dumas père (lettre à Bocage, 17 février 1850). Membre actif de la vie littéraire parisienne, il soutient George Sand – dont il aura été l’amant – dans les prémices de sa carrière de dramaturge, faisant jouer François le Champi à l’Odéon à partir du 25 novembre 1849. Contesté pour son administration tumultueuse, accusé d’activités anti-gouvernementales, Bocage est révoqué de son poste de directeur en juillet 1850.

La carrière de Bocage se poursuit néanmoins sous le Second Empire, tour à tour acteur et metteur en scène et enfin directeur du théâtre Saint-Marcel de 1859 à 1861. Tombé dans la misère, il court le cachet mais malade, meurt le 30 août 1862.