Lettre à Henriette de Verninac, 2 novembre 1821

  • Cote de la lettre ED-IN-1821-NOV-02-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Henriette de VERNINAC
  • Date 02 Novembre 1821
  • Lieux de conservation Paris, bibliothèque de l'INHA, collections Jacques Doucet
  • Éditions précédentes Joubin, Correspondance générale, 1936-38
    , t. V, p. 95-96.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 4
  • Présence d’un croquis Non
  • Dimension en cm 24,4x28
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque Ms. 241 pièce 38
  • Données matérielles Petit trou bordure droite
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Transcription modernisée

À Madame Verninac
Poste restante
à Mansle, Charente

Le 2 novembre 1821

Ma chère sœur,

Donne-moi je te prie des nouvelles de mon beau-frère et de toi. Je pense que s’il y avait eu quelque chose d’inquiétant mon neveu me l’aurait marqué. Cependant comme j’ai cru me rappeler que c’était à moi à écrire, j’ai craint de n’avoir pas de nouvelles si je ne prenais l’initiative. Il est essentiel aussi de te prévenir, si cela n’est pas venu à ta connaissance, que le gouvernement a pris un arrêté par lequel les élèves en droit qui n’auraient pas pris leurs inscriptions avant le 15 novembre, non seulement ne seraient pas admis à les prendre trois mois plus tard comme auparavant, mais seraient entièrement renvoyés à l’année suivante. Il est donc bien important que Charles revienne promptement1. Il serait bien fâcheux de perdre une année. J’avais oublié de te dire que l’on m’avait envoyé à plusieurs reprises des invitations pour les contributions, mais ils n’y ont pas donné de suite. Le maçon est également venu pour le restant de son mémoire. Je crois qu’il ne serait pas mal que tu envoyasses ton certificat de vie. Le temps approche de toucher notre rente. Mme Lamey qui est revenue depuis quelque temps est déjà malade. Sa santé avait paru s’améliorer mais je la crois toujours très faible. J’ai moi même ressenti quelques petites atteintes désagréables. Il fait un temps très humide, quoique par intervalles on voit le soleil. J’ai vu avec peine par les élections de la Charente qu’il n’avait pas été possible à mon beau-frère de se mettre sur les rangs et de sortir de la forêt. Cela rejette fort loin ses espérances. Donne-moi je te prie des détails sur sa santé. Il doit bien t’en coûter de voir approcher ta séparation avec Charles. J’espère qu’en demeurant avec moi, il ne prendra pas ma paresse à écrire. Nous vivrons en bons amis et son travail te dédommagera de son absence. Notre bail avec Mme Cazenave2 ne durant plus que dix-huit mois, celui que j’ai fait avec les Anglaises3 est également pour ce terme. Elles m’ont fait demander depuis, si, dans le cas où nous continuerions avec le propriétaire, nous voulions nous engager à leur sous-louer également. Je pense que tu ne veux pas prendre d’engagements à cet égard et les circonstances nous décideront.

Adieu ma chère sœur, porte-toi bien ainsi que mon beau-frère. Je vous embrasse tous tendrement.

E. Delacroix


1 Bachelier ès lettres le 11 août 1821, Charles ne commença finalement ses études de droit que l’année suivante.
2 Mme Cazenave est propriétaire de l’immeuble au 114 rue de l’Université, où se trouvait les appartements que Delacroix s’occupait de sous-louer pour Henriette et Raymond de Verninac.
3 Les soeurs O’Fareill, souvent dites les Anglaises, sous-locataires au 114, rue de l’Université.

Transcription originale

Page 1

À Madame

Madame Verninac

Poste restante.

à Mansle.

Charente.

Page 2

Le 2 novembre 1821.

Ma chere soeur,

Donne moi je te prie des nouvelles de mon beaufrère
et de toi. Je pense que si il y avait eu quelquechose d’in-
-quiétant mon neveu me l’aurait marqué. Cependant
Comme j’ai cru me rappeller que C’était à moi à ecrire
j’ai craint de n’avoir pas de nouvelles si je ne prenais
l’initiative. Il est essentiel aussi de te prevenir si cela
n’est pas venu à ta Connaissance, que le gouvernement a
pris un arreté par lequel Les eleves en droit qui
n’auraient pas pris leurs inscriptions avant le 15
novembre, non seulement ne seraient pas admis à
les prendre 3 mois plus tard Comme auparavant,
mais seraient entierement renvoyés à l’année suivante.
Il est donc bien important que Charles revienne
promptement. Il serait bien facheux de perdre une
année. J’avais oublié de te dire que l’on m’avait

Page 3

envoyé à plusieurs reprises des invitations pour
les contributions ;  mais ils n’y ont pas donné de
suite – Le maçon est egalement venu pour le
restant de son memoire. Je crois qu’il ne serait
pas mal aussi que tu envoyasse aussi ton
certificat de vie. Le temps approche de toucher notre
rente. Mde Lamey qui est revenue [lettre barrée illisible] depuis
quelque temps est deja malade. Sa santé avait paru
s’ameliorer mais je la crois toujours très faible.
j’ai moi même ressenti quelques petites atteintes
[lettre barrée illisible] desagreables. Il fait un temps très humide, quoique
par intervalles on voye le soleil. – j’ai vu avec
peine par les elections de la charente qu’il n’avait
pas eté possible à mon beaufrère de se mettre sur les rangs
et de sortir de la forêt. Cela rejette fort loin ses
esperances. Donne moi je te prie des details sur sa santé.
Il doit bien t’en couter de voir approcher ta separation
avec Charles. J’espère qu’en demeurant avec moi, il

Page 4

ne prendra pas ma paresse à écrire. Nous vivrons en
bons amis et son travail te dédommagera de son
absence. [mot barré illisible] – Notre bail avec Mde Cazenave
ne durant plus que 18 mois, celui que j’ai fait avec
les anglaises [lettre barrée illisible] est également pour ce terme. Elles m’ont
fait demander depuis, si, dans le cas où nous
[suite mot barré illisible]Continuerions avec Le propriétaire, nous voulions nous
engager  [à] Leur soulouer egalement. je pense que tu ne
veux pas prendre d’engagements à cet égard et
les circonstances nous decideront.

Adieu ma chere soeur : Porte toi bien ainsi que mon
beaufrere. Je vous embrasse tous tendrement.

E. delacroix

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