Anne-Françoise-Hippolyte Boutet de Monvel, dite Mademoiselle Mars (1779-1847), actrice française.

Fille naturelle de deux acteurs, Jean Boutet dit Monvel, et Jeanne-Marie Salvetat, dite Madame Mars.

Elle se forme auprès des acteurs Valville, Dugazon puis auprès de Louise Contat, avant d’intégrer la Comédie Française en 1795. Elle s’y fait remarquer par des rôles de jeunes ingénues dans des pièces de Molière, Marivaux ou Beaumarchais, avant de se consacrer à des personnages plus profonds : Célimène dans Le Misanthrope, Elmire dans Le Tartuffe, Philaminte dans Les Femmes savantes, Silvia dans Le Jeu de l’amour et du hasard. Elle s’impose comme la principale tragédienne de Paris, la « première actrice d’Europe », selon une expression de l’Empereur.

Installée à Paris dans le quartier de la Nouvelle Athènes, elle fait de son hôtel particulier de la rue de la Tour-des-Dames, acquis en 1824, le centre d’une vie mondaine où se côtoient les membres de la génération romantique.

Sa réputation lui permet d’incarner Dona Sol dans Hernani lors de sa création le 25 février 1830.

Sous la Restauration, Mademoiselle Mars reçoit une pension de Louis XVIII, tout en exprimant, au grand scandale de la société parisienne, des sentiments politiques nostalgiques du régime impérial. Elle est à l’époque la maîtresse de Charles de Mornay, dont elle reste l’amie par la suite. En octobre 1831, celui-ci avait été nommé à la tête d’une mission diplomatique auprès du sultan du Maroc Muley Abd-err-Rahman. Il souhaitait inviter un artiste à participer avec lui à cette longue expédition loin de Paris. Après le refus d’Isabey fils, l’actrice lui conseille de faire appel à « Eugène Lacroix [sic], jeune peintre ayant du talent, de l’esprit, du monde et un excellent caractère » comme compagnon de voyage (lettre de janvier 1832 à son ami Randouin, sous préfet de Dunkerque, publiée dans Dupont, p. 193-194, note 1, cité dans Jobert, p. 140).

Mademoiselle Mars joue encore sous la Monarchie de Juillet, notamment Célimène dans la représentation du Misanthrope donnée en 1837 à l’occasion de l’inauguration du musée historique de Versailles. Elle se retire de la scène en 1841, pour devenir inspectrice des études dramatiques. Elle s’éteint à Paris le 20 mars 1847. Delacroix, qui lui était resté attaché, lui rend visite à plusieurs reprises dans les jours précédant sa mort.