Lettre à Théophile Gautier, 22 juillet 1855

  • Cote de la lettre ED-MD-1855-JUIL-22-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Théophile GAUTIER
  • Date 22 Juillet 18[55]
  • Lieux de conservation Paris, musée Eugène Delacroix
  • Éditions précédentes Burty, 1878
    , t. II, p. 131. Joubin, t. III, p. 279.
  • Historique Acquise en vente publique, Paris, étude Laurin, Guillou, Buffetaud, Tailleur, 1990, n° 54.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 3
  • Présence d’un croquis Non
  • Format in - 8°
  • Dimension en cm 20,7x27
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque MD 1990-1
  • Données matérielles Pliée en quatre
Agrandir la page 1
Agrandir la page 2
Agrandir la page 3

Transcription modernisée

Ce 22 juillet

Mon cher Gautier,

Je lis en revenant à Paris votre article mille fois bon et bienveillant sur mon exposition1. Je vous en remercie de cœur au-delà de ce que je puis vous exprimer. Oui, vous devez éprouver de la satisfaction en voyant que toutes ces folies dont autrefois vous preniez le parti à peu près seul, paraissent aujourd’hui toutes naturelles ; mais cette nouvelle confirmation est d’un grand effet sur les esprits. J’ai rencontré hier soir une femme que je n’avais pas vu depuis dix ans et qui m’a assuré qu’en entendant lire une partie de votre article elle avait cru que j’étais mort, pensant qu’on ne louait ainsi que les gens morts et enterrés. Dieu merci je suis vivant, mais s’il est juste de dire que la lutte et l’activité de l’esprit font vivre, il faut reconnaître aussi que les éloges encouragent et soutiennent. Vous pensez très justement que les vôtres ont eu cet effet : la moindre goutte de cette rosée suffirait pour adoucir bien des coupes d’absinthe assez dures à digérer. Comme j’ai toujours eu le bonheur d’être sévère pour moi-même, votre opinion toujours bienveillante, m’aidait aussi à prendre mon propre parti contre les ennemis.

Adieu mon cher Gautier. Recevez les assurances les plus sincères de ma reconnaissance.

Eug. Delacroix



1 Théophile Gautier a publié dans le Moniteur Universel du 22 juillet 1855 un article à propos des tableaux de Delacroix présentés à l’Exposition Universelle.

Transcription originale

Page 1

Ce 22 jt

Mon cher Gautier,

Je lis en revenant à Paris
votre article mille fois bon et bien-
veillant sur mon exposition. Je vous
en remercie de cœur au delà de ce
que je puis vous exprimer. Oui, vous
devez éprouver de la satisfaction en
voyant que toutes ces folies dont
autrefois vous preniez le parti a peu
pres seul, paraissent aujourd’hui
toutes naturelles ; mais cette nouvelle
confirmation est d’un grand effet
sur les esprits. J’ai rencontré hier
soir une femme que je n’avais pas
vu depuis dix ans et qui m’a assuré
qu’en entendant lire une partie de

Page 2

votre article elle avait cru que
j’étais mort, pensant qu’on ne
louait ainsi que les gens morts et
enterrés. Dieu merci je suis vivant,
mais s’il est juste de dire que la
lutte et l’activité de l’esprit font
vivre, il faut reconnaître aussi que
les eloges encouragent et soutiennent.
vous pensez très justement que
les vôtres ont eu cet effet : la moindre
goutte de cette rosée suffirait pour
adoucir bien des coupes d’absinthe
[mot barré, illisible] assez dures à digerer. Com-
me j’ai toujours eu le bonheur d’etre
sevère pour moi même, votre opinion
toujours bienveillante, m’aidait aussi [mot interlinéaire] à
prendre [mot barré, illisible] mon propre [mot interlinéaire] parti contre
les ennemis.

Adieu mon cher Gautier.

 

Page 3

recevez les assurances les plus sinceres
de ma reconnaissance.

Eug. Delacroix

 

Précédent | Suivant