Lettre à Joséphine de Forget, 21 août 1859

  • Cote de la lettre ED-MD-1859-AOU-21-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Joséphine de FORGET
  • Date 21 Août 1859
  • Lieux de conservation Paris, musée Eugène Delacroix
  • Historique Achat auprès d’un particulier en 1969.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 3
  • Présence d’un croquis Non
  • Format in - 8°
  • Dimension en cm 20,6x26,4
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque MD 1969-3
  • Données matérielles pliée en 4
Agrandir la page 1
Agrandir la page 2
Agrandir la page 3

Transcription modernisée

Chez Mr. Lamey rue des balayeurs 50.
Strasbourg

Strasbourg 21 août 18591.

 

Chère bonne amie, j’ai fait un bon voyage pas trop chaud et ai été bien reçu comme vous pensez : mon bon cousin n’est pas changé du tout : j’ai été étonné de sa bonne mine. Je me sens encore un peu de mon estomac et je me mets au régime pour me rétablir tout à fait. Ce pays-ci m’enchante : la tranquillité des lieux et des gens fait un grand contraste avec le train de Paris et il y a des promenades charmantes. Je suis sur que vous voudriez comme moi vivre dans un pareil lieu.

Que ne puis-je en revenant vous trouver en meilleure situation ! Ayez le courage de prendre les soins qu’il faut de votre santé : ce sera en même temps prendre soin de la mienne. L’exercice est au premier rang de ces soins qu’il faut prendre. Je suppose que vous êtes à Champrosay. Sortez toutes les fois qu’il ne fera pas de soleil et le soir surtout. Je vous donne aussi le conseil que je me donne à moi-même : calmez votre imagination sur les tracas inséparables de la vie : ce sera tout profit pour la santé.

Pensez que vous m’avez promis que vous iriez à Dieppe à mon retour. Le changement de lieu fait toujours du bien. Je suis bien récréé ici de ne plus avoir sous les yeux cet odieux Paris où je suis forcé d’exister. Je vais mener une vie douce et paresseuse et je tâcherai de me conduire pour le régime de manière à ce que vous soyez contente de ma sagesse.

Vous savez que je vous ai priée de me donner de vos nouvelles.

Mon cousin m’avait aussitôt mon arrivée demandé de vos nouvelles. Je lui ai dit que vous étiez bien reconnaissante de son souvenir.

Adieu chère amie et je dis plus seule amie. Je vous embrasse bien de cœur.

Eug. Delacroix



1 Delacroix est parti pour Strasbourg chez son cousin Auguste Lamey, jeudi 18 août 1859. Le 23 août, il copie dans son Journal une lettre qu’il adresse à Joséphine de Forget et dans laquelle il lui relate comment s’est passé son voyage et à quoi il s’occupe. Ce qui laisse supposer que cette lettre-ci n’a peut-être pas été expédiée à son destinataire.

 

Transcription originale

Page 1

Strasbourg 21 aout
1859.

Chere bonne amie, j’ai fait
un bon voyage pas trop chaud
et ai ete bien reçu comme vous
pensez : mon bon cousin n’est pas
changé du tout : j’ai eté etonne de
sa bonne mine. Je me sens encore
un peu de mon estomac et je
me mets au régime pour me ré-
tablir tout à fait. Ce paysci
m’enchante : la tranquillité des
lieux et des gens fait un grand
contraste avec le train de Paris
et il y a des promenades charmantes.
Je suis sur que vous voudriez comme
moi vivre dans un pareil lieu.

Que ne puis-je en revenant vous
trouver en meilleure situation !

 

Page 2

Ayez le courage de prendre les
soins qu’il faut de votre santé :
ce sera en même temps prendre
soin de la mienne. l’exercice est
au premier rang de ces soins qu’il
faut prendre. Je suppose que vous
êtes à Champrosay. Sortez toutes
les fois qu’il ne fera pas de soleil
et le soir surtout. Je vous donne
aussi le conseil que je me
donne à moi même : calmez
votre imagination sur les tracas
inseparables de la vie : ce sera
tout profit pour la santé.

Pensez que vous m’avez promis
que vous iriez à Dieppe à mon
retour. Le changement de lieu
fait toujours du bien. Je suis bien
récrée ici de ne plus avoir sous
les yeux cet odieux Paris où je

 

Ayez le courage de prendre les

soins qu’il faut de votre santé :

ce sera en même temps prendre

soin de la mienne. l’exercice est

au premier rang de ces soins qu’il

faut prendre. Je suppose que vous

êtes à Champrosay. Sortez toutes

les fois qu’il ne fera pas de soleil

et le soir surtout. Je vous donne

aussi le conseil que je me

donne à moi même : calmez

votre imagination sur les tracas

inseparables de la vie : ce sera

tout profit pour la santé.

Pensez que vous m’avez promis

que vous iriez à Dieppe à mon

retour. Le changement de lieu

fait toujours du bien. Je suis bien

récrée ici de ne plus avoir sous

les yeux cet odieux Paris où je

Page 3

suis forcé d’exister. Je vais
mener une vie douce et pares-
seuse et je tâcherai de me
conduire pour le régime de
manière à ce que vous soyez
contente de ma sagesse.

Vous savez que je vous ai prié
de me donner de vos nouvelles.

Mon cousin m’avait aussitot
mon arrivée demandé de vos
nouvelles. Je lui ai dit que vous
etiez bien reconnaissante de
son souvenir.

Adieu chère amie et je
dis plus seule amie. Je vous
embrasse bien de cœur.

Eug. Delacroix

Chez Mr. Lamey rue des balayeurs

50.

Strasbourg

 

Précédent | Suivant