Lettre à Guillaume Auguste Lamey, 15 décembre 1859

  • Cote de la lettre ED-IN-1859-DEC-15-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Guillaume-Auguste LAMEY
  • Date 15 Décembre 1859
  • Lieux de conservation Paris, bibliothèque de l'INHA, collections Jacques Doucet
  • Éditions précédentes Joubin, Correspondance générale, 1936-38
    , t. IV, p. 137-138.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 3
  • Présence d’un croquis Non
  • Dimension en cm 20,7x26,6
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque Ms. 238 pièce 55
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Transcription modernisée

 

15 décembre 1859

Cher cousin,

 

Je prends la liberté de ne pas approuver tout à fait le scrupule qui vous empêche de formuler une demande1 : ce sont choses convenues et d’ailleurs vous n’êtes nullement forcé de vous louer vous-même en faisant cet appel à la justice du gouvernement : ce sera à la lettre du préfet à dire votre mérite et à quel titre vous méritez cette faveur.

Vous me parlez de prier le préfet de m’envoyer sa recommandation pour que je la présente moi-même : cette marche me semble impossible : le préfet, faisant une demande quelconque au grand chancelier2 ou à tout autre grand fonctionnaire, ne peut passer par les mains d’un tiers : d’ailleurs sa lettre a un tout autre poids, adressée directement. Je ne vous avais pas dit, je crois, que le secrétaire m’avait dit d’appuyer votre demande pure et simple, par une lettre de moi au grand chancelier. C’est dans cette lettre que je puis dire combien vos titres sont sérieux.

Si néanmoins vous préférez ne pas écrire, je me propose, sitôt que la lettre du préfet sera parvenue dans les bureaux, d’adresser la mienne, et à cet effet j’ai prié M. Migneret3 de vouloir bien m’avertir du moment où il écrira. Si M. le président Gérard4 avait la bonté de voir le préfet dans ce moment, il pourrait faire valoir le bon effet que pourrait faire cette faveur, eu égard à la valeur qu’ont eue vos poésies depuis l’origine de la Révolution pour contribuer à resserrer les liens de l’Alsace et de la France, indépendamment de leur mérite littéraire, très apprécié en Allemagne : c’est du reste ce que je lui ai exposé de mon mieux dans ma lettre.

Je suis un peu souffrant depuis quelques jours : les rhumatismes me tourmentent ; je crains aussi le rhume : je déteste particulièrement la neige et la gelée qui plait à d’autres personnes, qui la préfèrent à un temps doux et humide.

Soignez-vous bien, cher et bon cousin, et croyez à mon bien sincère dévouement.

Eugène Delacroix

 


1 A propos des démarches pour la croix de la Légion d’honneur.
2 Aimable-Jean-Jacques Pélissier, duc de Malakoff. Voir à ce sujet la lettre du 13 décembre 1859 (note 3).
3 Voir à propos de Migneret la lettre du 17 octobre 1859 (note 2), la lettre du 20 décembre 1859, la lettre du 26 décembre 1859.
4 Au sujet de Mr. Gérard, voir la lettre du 17 octobre 1859, la lettre du 13 décembre 1859 (note 2).

 

Transcription originale

Page 1

 

15 decembre
1859

 

Cher cousin,

Je prends la liberté de ne pas
approuver tout a fait le scrupule qui
vous empêche de formuler une
demande : ce sont choses convenues et
d’ailleur vous n’etes nullement forcé
de vous louer vous même en faisant
[mot barré illisible] cet appel à la justice du gouverne-
-ment : ce sera à la lettre du prefet à
dire votre mérite [mot interlinéaire] [mot barré illisible] et à quel titre vous
meritez cette faveur.

Vous me parlez de prier le préfet de
m’envoyer sa recommandation pour
que je la présente moi même : cette
marche me semble impossible : le prefet
faisant une demande quelconque au
gd chancelier ou a tout autre grand
fonctionnaire ne peut passer par les mains
d’un tiers : Dailleur sa lettre a un
tout autre poids adressée directement.
Je ne vous avais pas dit je crois que


 

Page 2

 

le secretaire m’avait dit d’appuyer
votre demande pure et simple par
une lettre de moi au gd chancelier.
C’est dans cette lettre que je puis dire
combien vos titres sont serieux.

Si neanmoins vous preferez ne
pas ecrire, je me propose sitot que la
lettre du prefet sera parvenue dans les
bureaux, d’adresser la mienne, et
à cet effet j’ai prié Mr Migneret
de vouloir bien [3 mots barrés illisibles]
m’avertir du moment où il
ecrira. Si Monsieur le Président
Gerard avait la bonté de voir le
prefet dans ce moment, il pourrait
faire valoir le bon effet que pourrait
faire cette faveur, eu egard à la
valeur qu’ont eu vos poesies depuis
l’origine de la revolution pour
contribuer à resserer les liens de l’Alsace
et de la France X [interlinéaire] : c’est du reste ce que je
lui ai exposé de mon mieux dans
X independamment de leur merite litteraire tres apprecié en Allemagne. [renvoi introduit par
X]

 

Page 3

 

ma lettre.

Je suis un peu souffrant depuis
quelque jour : les rhumatismes me
tourmentent : je crains aussi le
rhume : je deteste particulierement
la neige et la gelée qui plait à
d’autres personnes qui la preferent à
un temps doux et humide.

Soignez vous bien, cher et bon
cousin et croyez à mon bien sincere
dévouement.

EugDelacroix

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