Ce 30 avril 1858

 

Cher et bon cousin,

 

Donnez-moi donc de vos nouvelles et de celles de nos projets. À quand ce voyage qui doit nous réunir ? Écrivez-moi, le plus tôt que vous pourrez, le moment où vous vous mettrez en route pour que je sois tout à fait en mesure. J’espère que votre chère santé n’y apportera aucun obstacle. Je voudrais pouvoir me louer de la mienne autant que je désire que la vôtre soit excellente. Depuis plus d’un mois, je ne fais que traîner : j’ai été obligé à plusieurs reprises d’abandonner mon travail et je retombe dans ces langueurs qui ont précédé mon voyage à Strasbourg de l’année dernière¹. Qu’il faut de temps pour réparer une machine détraquée, si toutefois on la répare ! Vous verrez bien mon atelier, mais vous ne m’y trouverez probablement pas aussi actif qu’à l’époque de votre dernier voyage à Paris. Votre vue me ranimera et nos conversations chasseront un peu l’ennui et la tristesse de mon oisiveté, qui me pèse bien plus que ma solitude. En un mot, cher cousin, quelques mots sur votre santé et sur le moment que vous aurez choisi : vous trouverez des bras et un cœur ouverts pour vous recevoir.

Je vous embrasse tendrement en attendant.

Eugène Delacroix

Rue de Furstenberg 6.

 

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¹ Voir à ce sujet les notes 1 et 2 de la lettre du 21 juillet 1857.

 

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Ce 30 avril 1858.

 

Cher et bon cousin,

 

Donnez moi donc de vos nou-
-velles et de celles de nos projets. À quand
ce voyage qui doit nous réunir ? ecrivez
moi le plutot que vous pourrez, le moment
où vous vous mettrez en route pour que
je sois tout a fait en mesure. J’espere que
votre chere santé n’y apportera aucun
obstacle. je voudrais pouvoir me louer
de la mienne autant que je desire que
la votre soit excellente. Depuis plus d’un
mois je ne fais que trainer : j’ai eté obligé
à plusieurs reprises d’abandonner mon tra-
-vail et je retombe dans ces langueurs
qui ont precedé mon voyage a Stras-
-bourg de l’année derniere. Qu’il faut
de temps pour reparer une machine détraquée
si toutefois on la répare. Vous verrez bien
mon atelier, mais vous ne m’y trouverez
probablement pas aussi actif qu’à l’epoque
de votre dernier voyage à Paris. Votre vue
me ranimera et nos conversations chasse-
-ront un peu l’ennui et la tristesse de

Page 2

 

mon oisiveté qui me pèse bien
plus que ma solitude. En un mot,
cher cousin, quelques mots sur votre
santé et sur le moment que vous
aurez choisi : vous trouverez des bras
et un cœur ouvert pour vous recevoir.

Je vous embrasse tendrement
en attendant.

EugDelacroix

 

rue de furstemberg 6.