Lettre à Guillaume Auguste Lamey, 26 juillet 1857

  • Cote de la lettre ED-IN-1857-JUIL-26-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Guillaume-Auguste LAMEY
  • Date 26 Juillet 1857
  • Lieux de conservation Paris, bibliothèque de l'INHA, collections Jacques Doucet
  • Éditions précédentes Joubin, Correspondance générale, 1936-38
    , t. III, p. 400-401.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 3
  • Présence d’un croquis Non
  • Dimension en cm 20,5x26,4
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque Ms. 238 pièce 31
Agrandir la page 1
Agrandir la page 2
Agrandir la page 3

Transcription modernisée

Ce 26 juillet 1857

Cher cousin,

Après bien des tribulations, je puis vous annoncer que je me mettrai enfin en route après-demain mardi 28 par le convoi express de 7 heures du matin, qui arrive à Strasbourg vers 5 heures du soir1. Je n’ai pas été arrêté seulement par les démarches fastidieuses qu’il m’a fallu faire pour me faire exempter du jury2 : j’ai vu le moment où je serais obligé d’attendre jusqu’au 1er août pour me faire exempter. Mais enfin, j’en suis hors ; mais mon pauvre larynx est toujours malade et j’ai été quatre ou cinq jours à me remettre de la fatigue de quelques conversations indispensables. C’est donc un muet véritable que vous allez voir arriver ; mais je me suis rappelé que vous m’aviez parlé de vos promenades avec votre ami König, dans lesquelles vous étiez côte à côte pendant des heures, sans vous dire un mot : voilà la condition où je suis forcé de me réduire, si je veux me tirer de là : car, de tous les remèdes que j’ai essayés, c’est le seul qui m’ait réussi, je veux dire le silence aussi complet que possible. Dans tous les cas, cher et bon cousin, que ma bouche vous parle ou non, soyez assuré des sentiments de bonheur avec lesquels je vous embrasserai après-demain.

Adieu donc et à bientôt, j’espère. Votre sincèrement dévoué

Eugène Delacroix

 


1 Deux jours plus tard, le 28 juillet,  Delacroix notera dans son Journal : "Parti pour Strasbourg à sept heures. Voyage agréable, beau pays - il faisait étouffant au milieu de la journée. A Nancy, je me suis trouvé seul jusqu’à Strasbourg. Je n’ai plus senti ni la chaleur ni la poussière. Tout ce trajet a été ravissant. Le bon cousin m’attendait à la gare. Enchantés de nous revoir" (Journal, éd. Hannoosh, t. I, p. 1162-1163). Delacroix se rend à Plombières pour "prendre les eaux" et s’arrête en chemin à Strasbourg voir son cousin.
2 A propos du jury, voir la lettre du 21 juillet 1857.

 

Transcription originale

Page 1

 

Ce 26 juillet 1857.

Cher cousin,

 

Après bien des tribulations,
je puis vous annoncer que je me
mettrai enfin en route après
demain mardi 28 par le convoi express
de 7h du matin qui arrive à Stras-
-bourg vers 5hres du soir. Je n’ai pas
eté arreté seulement par les demar-
-ches fastidieuses qu’il m’a fallu
faire pour me faire exempter du
jury : j’ai vu le moment où je serais
obligé d’attendre jusqu’au 1er aout
pour me faire exempter. Mais enfin
j’en suis hors : mais mon pauvre
larynx est toujours malade et j’ai
eté quatre ou cinq jours à me
remettre de la fatigue de quelques

Page 2

 

conversations indispensables. C’est
donc un muet véritable que
vous allez voir arriver : mais je
me suis rappelé que vous m’aviez
parlé de vos promenades avec
votre ami König, dans lesquelles
vous etiez côte à cote pendant
des heures, sans vous dire un mot :
voila la condition où je suis forcé
de me réduire si je veux me tirer
de là : car, de tous les remèdes
que j’ai essayé, c’est le seul qui
m’ait réussi, je veux dire le
silence aussi complet que possible.
Dans tous les cas, cher et bon cousin,
que ma bouche vous parle ou
non, soyez assuré des sentiments
de bonheur avec lesquels je vous

 

Page 3

 

embrasserai après demain.

Adieu donc et a bientot
j’espère. votre sincèrement dévoué

EugDelacroix

 

 

 

Précédent | Suivant