Lettre à Pierre-Antoine Berryer, 06 novembre 1857

  • Cote de la lettre ED-MD-1857-NOV-06-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Pierre-Antoine BERRYER
  • Date 06 Novembre 1857
  • Lieux de conservation Paris, musée Eugène Delacroix
  • Éditions précédentes Lacombe, 1885, p. 52 (sans postscriptum); Joubin, Corr. gén, t. III, p. 417 (idem).
  • Historique Acquise par le service des bibliothèques et des archives des musées nationaux avec la participation de la Société des Amis d’Eugène Delacroix auprès de la librairie Les Autographes, février 1992.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 3
  • Présence d’un croquis Non
  • Format in - 8°
  • Dimension en cm 20,5x26,2
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque LA 31631/65
  • Données matérielles pliée en 3
Agrandir la page 1
Agrandir la page 2
Agrandir la page 3

Transcription modernisée

Ce 6 nov. 1857

Mon cher cousin,

Si je ne vous ai pas écrit quelques mots jusqu’ici pour savoir de vos nouvelles, c’est que je n’en avais pas de très bonnes à vous donner sur mon compte, et que de fois pourtant j’ai pensé à vous ! Vos soins, l’amitié que vous avez la bonté de me montrer me rendent le souvenir d’Augerville1 bien délicieux. Le contraste est parfait à présent, je voulais dire complet. Je suis encore souffreteux : plus de ces belles courses en plein air et dans la société la plus agréable, par conséquent plus de ce bel appétit et encore moins de cet inimitable esprit dont vous assaisonniez les repas. Enfin, comme il est difficile d’être toujours très heureux et que c’est le contraire qui est la règle, je fais comme Scapin2 : je me fais un bonheur de tous les malheurs qui ne m’arrivent pas. C’est la consolation de ceux qui n’ont pas toujours été gâtés par le destin.

Si vous avez une minute à me donner, dites-moi comment vous allez, aussi bien que madame votre belle-fille et votre charmant petit Henry3. Rappelez-moi au souvenir de ces messieurs qui ont été si aimables pour moi : votre lettre sera un écho de ces moments agréables que je vous ai dit.

Recevez mille tendres dévouements.

Eug. Delacroix

C’est ma petite santé qui m’a empêché jusqu’ici d’aller voir Mme de La Grange . J’ai été bien heureux pour vous de ce beau temps que nous venons d’avoir et qui ne cesse qu’à la minute où je vous écris. J’espère que ce ne sera qu’une petite pluie qui ne s’établira pas, de manière à vous laisser achever votre séjour avec quelques rayons de soleil4 .


1 Augerville-la-Rivière, propriété de Berryer, près de Malesherbes (Loiret) où Delacroix se rendit à maintes reprises à partir de 1854. Il y avait passé trois semaines en octobre (cf. , Journal, éd. Hannoosh, t. I, p. 1176-1179).
2 Personnage de Molière, valet bouffon dans Les Fourberies de Scapin.
3 Le fils de Berryer, Arthur, avait épousé en secondes noces, en 1852, Noémie de Gailhard, qui lui donna un fils, Henry, en 1853.
4 Berryer répondit à Delacroix le 8 novembre, le remerciant d’avoir pris le soin de lui donner de ses nouvelles et de s’enquérir de sa famille : « Ma belle-fille garde un aimable souvenir de votre séjour à Augerville […]. Quant au jeune Henry, il court à merveille, j’en raffole et ne lui souhaite que de savoir plus tard comprendre et aimer un homme tel que vous » (Paris, musée Eugène Delacroix, LA 31 631/66).

 

 

Transcription originale

Page 1

Ce 6 nov. 1857.

Mon cher cousin,

Si je ne vous ai pas ecrit quelques
mots jusqu’ici pour savoir de vos nou-
-velles, c’est que je n’en avais pas de très
bonnes à vous donner sur mon compte :
et que de fois pourtant j’ai pensé à vous !
vos soins, l’amitié que vous avez la bonté
de me montrer me rendent le souvenir
d’augerville bien delicieux. Le contraste
est parfait à present, je voulais dire
complet : je suis encore souffreteux : plus
de ces belles courses en plein air et dans
la societé la plus agreable : par consequent
plus de ce bel appetit et encore moins
de cet inimitable esprit dont vous assai-
sonniez les repas. Enfin, comme il est
difficile d’etre toujours très heureux et
que c’est le contraire qui est la regle, je

 

Page 2

fais comme Scapin, je me fais
un bonheur de tous les malheurs qui
ne m’arrivent pas. C’est la consola-
-tion de ceux qui n’ont pas toujours
été gâtés par le destin.

Si vous avez une minute à
me donner dites moi comment vous
allez, aussi bien que madame votre
belle fille et votre charmant petit
Henry. Rappelez moi au souvenir
de ces Messieurs qui ont eté si aimables
pour moi : votre lettre sera un echo de
ces moments agreables que je vous ai
dis.

Recevez mille tendres dévouements.

Eug Delacroix

C’est ma petite santé qui m’a em-
-pêché jusqu’ici d’aller voir Mad. de
La Grange. J’ai eté bien heureux pour vous [2 mots interlinéaires] de ce
beau temps que nous venons d’avoir et
qui ne cesse qu’à la minute où je vous

 

Page 3

ecris. j’espere que ce ne sera qu’une
petite pluie qui ne s’établira pas, de
maniere à vous laisser achever votre
sejour avec quelques rayons de soleil.

 

Précédent | Suivant