Lettre à Pierre-Antoine Berryer, 04 juin 1857

  • Cote de la lettre ED-MD-1857-JUIN-04-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Pierre-Antoine BERRYER
  • Date 04 Juin 18[57]
  • Lieux de conservation Paris, musée Eugène Delacroix
  • Éditions précédentes Lacombe, 1885, p. 50 (partiellement); Joubin, Corr. gén, t. III, p. 389-390 (idem).
  • Historique Acquise par le service des bibliothèques et des archives des musées nationaux avec la participation de la Société des Amis d’Eugène Delacroix auprès de la librairie Les Autographes, février 1992.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 2
  • Présence d’un croquis Non
  • Format in - 8°
  • Dimension en cm 20,7x27,1
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque LA 31631/55
  • Données matérielles pliée en 3
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Transcription modernisée

 

Champrosay ce 4 juin

Mon cher cousin,

Je suis forcé de refuser votre aimable invitation et ce n’est pas sans raisons1. Depuis un mois que je suis ici, non seulement je n’ai pas repris mes forces, mais une ou deux petites imprudences (et quelles imprudences) comme une conversation d’un quart d’heure en plein air m’a rendu tous mes accidents sauf la toux. Je suis repris de sueurs pour faire une petite course et j’ai essayé de travailler sans le pouvoir2. Ceci malheureusement est très sérieux et dure depuis bien longtemps. Rayer m’a dit qu’il n’y avait qu’un remède, c’était un mutisme absolu. Vous jugez bien que la privation que je suis forcé de m’imposer est la plus grande que je puisse éprouver dans ce moment car mon ennui va redoubler de la pensée de tout ce que je perds. Je suis réduit à lire : j’évite le peu de voisins que je connaisse à cause de tout ce que je vous ai dit.

J’espère bien, cher cousin, que vous ne pourrez vous empêcher de me plaindre et de m’approuver. J’ai été atteint plus profondément que je ne croyais : presque au bout de six mois, j’en suis à frémir pour la moindre démarche !

Et Mad. de La Grange ! Je vous en prie bien : dites-lui où j’en suis. Je n’ai pas besoin de lui exprimer mon regret de manquer une si bonne occasion.

Adieu, mon cher cousin, pardonnez-moi et croyez à mon bien sincère attachement.

Eug. Delacroix


1 Berryer avait écrit à Delacroix le 2 juin pour l’inviter à le rejoindre dans sa propriété d’Augerville-la-Rivière, près de Malesherbes, dans le Loiret (Paris, musée Eugène Delacroix, LA 31 631/54).
2 A plusieurs reprises, Delacroix fait allusion dans son Journal aux accès de fatigue survenus brusquement au cours de ce séjour à Champrosay.

 

 

Transcription originale

Page 1

 

Champrosay ce 4 juin.

Mon cher cousin,

Je suis forcé de refuser
votre aimable invitation et ce n’est pas
sans raisons. Depuis un mois que je suis
ici, non seulement je n’ai pas repris mes
forces, mais une ou deux petites imprudences
(et quelles imprudences) comme une conversation
d’un quart d’heure en plein air m’a rendu
tous mes accidens sauf la toux. Je suis
repris de sueurs pour faire une petite course
et j’ai essayé de travailler sans le pouvoir.
Ceci malheureusement est très serieux et
dure depuis bien longtemps. Rayer m’a
dit qu’il n’y avait qu’un remède c’etait
un mutisme absolu. Vous jugez bien que
la privation que je suis forcé de m’imposer
est la plus grande que je puisse eprouver dans ce
moment car mon ennui va redoubler de
la pensée de tout ce que je perds. je suis

 

Page 2

 

reduit a lire : j’evite le peu de voisins
que je connaisse à cause de tout ce que
je vous ai dit.

J’ espère bien, cher Cousin, que vous
ne pourrez vous empêcher de me plaindre
et de m’approuver. J’ai eté atteint plus
profondement que je ne croyais, presque
au bout de six mois, j’en suis à frémir
pour la moindre démarche !

Et Mad. de la Grange! je vous en
prie bien : dites lui où j’en suis. Je n’ai
pas besoin de lui exprimer mon regret de
manquer une si bonne occasion.

Adieu mon cher cousin par-
-donnez moi et croyez à mon bien sincère
attachement.

Eug Delacroix

 

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