Lettre à Pierre-Antoine Berryer, 04 octobre 1856

  • Cote de la lettre ED-MD-1856-OCT-04-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Pierre-Antoine BERRYER
  • Date 04 Octobre 1856
  • Lieux de conservation Paris, musée Eugène Delacroix
  • Éditions précédentes -
    , inédite.
  • Historique Acquise par le service des bibliothèques et des archives des musées nationaux avec la participation de la Société des Amis d’Eugène Delacroix auprès de la librairie Les Autographes, février 1992.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 2
  • Présence d’un croquis Non
  • Format in - 8°
  • Dimension en cm 20,7x27,2
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque LA 31631/46
  • Données matérielles pliée en 3
  • Œuvre concernée Chapelle des Saints-Anges, église de Saint-Sulpice
Agrandir la page 1
Agrandir la page 2

Transcription modernisée

Ante par Ste Menehould1
4 oct. 1856.

Mon cher cousin,

Votre lettre si aimable est venue me chercher dans le pays de nos pères où je suis depuis deux jours pour un peu de temps. J’irai avec bien du plaisir revoir votre charmant Augerville2 et c’est vous surtout que j’aime à y voir. Seulement je ne puis aujourd’hui vous préciser le jour où je pourrai me rendre près de vous. Les cousins se multiplient sous mes pas, ils ne sont pas tous aussi aimables que vous, quoique très bons et très accueillants3, je serai donc forcé de rester encore quelques jours. Permettez-moi de vous écrire une seconde lettre pour vous dire quand je pourrai vous rejoindre.

J’ai mené depuis que je vous ai vu une vie de travail un peu rude. Je n’ai presque pas quitté ma chapelle de St Sulpice4 et le moment était favorable puisqu’il n’y avait plus personne à Paris. J’avais ainsi la possibilité de me reposer entièrement chaque soir d’une besogne que je suis étonné de pouvoir supporter, mais dont l’attrait fait passer sur la fatigue qu’elle donne. Je crois avoir donné à mes deux grands tableaux une rude accolade. Sans la brièveté des jours ou plutôt leur obscurité croissante, peut-être eussè-je fini dans la campagne. J’espère que ce sera pour le printemps prochain.

Je suis bien impatient d’aller vous remercier de votre bon souvenir. Mille choses au bon Batta si vous le voyez avant moi et mes hommages les plus respectueux, je vous prie, à Madame Berryer.

Recevez, cher cousin, l’expression de mon dévouement de cœur.

Eug. Delacroix


1 Depuis le 1er octobre, Delacroix est à Ante, près de Sainte-Menehould, dans la Marne, où habite son cousin germain Philogène Delacroix.

2 Augerville-la-Rivière, près de Malesherbes (Loiret), où Berryer avait une propriété dont le parc était traversé par l’Essonne. Delacroix s’y rendit à maintes reprises à partir de 1854.

3 Delacroix note dans son Journal avoir dîné avec une nuée de cousins arrivés sans s’être annoncés (Journal, 5 octobre 1856, éd. Hannoosh, t. I, p. 1037).

4 Chargé en 1849 de décorer la chapelle des Saints-Anges à l’église Saint-Sulpice, Delacroix y travaillait plus ou moins assidûment depuis 1854, aidé par Pierre Andrieu (1821-1892) et Louis Boulangé (1812-1878). D’après le Journal (cf. éd. Hannoosh, t. I, p. 1031-1035), il se rendit à l’église presque tous les jours au cours de l’été 1856.

 

 

Transcription originale

Page 1

 

Ante par Ste menehould
4 oct. 1856.

Mon cher cousin,

Votre lettre si aimable
est venu me chercher dans le pays de nos
pères où je suis depuis deux jours pour
un peu de temps : j’irai avec bien du plaisir
revoir votre charmant Augerville et c’est
vous surtout que j’aime à y voir : seulement
je ne puis aujourd’hui vous preciser le
jour où je pourrai me rendre près de vous :
les cousins se multiplient sous mes pas :
ils ne sont pas tous aussi aimables que
vous quoique très bons et très accueillans :
je serai donc forcé de reste encore quelques
jours : Permettez moi donc de vous ecrire
une seconde lettre pour vous dire quand je
pourrai vous rejoindre.

J’ai mené depuis que je vous ai vu
une vie de travail un peu rude. Je n’ai
presque pas quitté ma chapelle de St Sulpice
et le moment etait favorable puisqu’il n’y
avait plus personne à Paris [mots barrés] j’avais ainsi [3 mots interlinéaires]

 

Page 2

 

la possibilité de se me [mot interlinéaire] reposer entierement
chaque soir d’une besogne que je suis
etonné de pouvoir supporter, mais dont
l’attrait fait passer sur la fatigue qu’elle
donne. Je crois avoir donné à mes deux
grands tableaux une rude accolade : sans
la brieveté des jours ou plutot leur obscurité
croissante, peut-etre eussè-je fini dans
la campagne : j’espère que ce sera pour
le printemps prochain.

Je suis bien impatient d’aller vous
remercier de votre bon souvenir ; mille choses
au bon Batta si vous le voyez avant moi
et mes hommages les plus respectueux, je vous
prie à Madame Berryer.

Recevez cher cousin l’expression de
mon devouement de cœur.

Eug Delacroix

 

Précédent | Suivant