Lettre à Pierre-Antoine Berryer, 24 novembre 1855

  • Cote de la lettre ED-MD-1855-NOV-24-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Pierre-Antoine BERRYER
  • Date 24 Novembre 1855
  • Lieux de conservation Paris, musée Eugène Delacroix
  • Éditions précédentes -
    , inédite.
  • Historique Acquise par le service des bibliothèques et des archives des musées nationaux avec la participation de la Société des Amis d’Eugène Delacroix auprès de la librairie Les Autographes, février 1992.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 3
  • Présence d’un croquis Non
  • Format in - 8°
  • Dimension en cm 20,6x26,6
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque LA 31631/41
  • Données matérielles pliée en 3
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Transcription modernisée

 

Ce 24 nov. 1855.

Mon cher cousin,

J’ai eu l’émotion que vous pouvez imaginer pour ce feu1. Dès le lendemain, j’avais pris mes mesures pour tirer de l’exposition les tableaux qui ne sont pas au gouvernement. Une partie de ces derniers a été placée au palais de l’Industrie, quant aux autres, ils ont été remis à leurs propriétaires respectifs. Je n’ai conservé que ceux dont les bordures ont besoin de petites réparations. Mr. d’Osembray2 a le sien maintenant. Je n’ai pu le faire accompagner que d’une lettre. Voici quatre ou cinq jours ou plutôt, je crois, depuis cette soirée de l’incendie où je suis resté jusqu’au moment où on l’avait assez maîtrisé pour être assuré de l’empêcher de s’étendre, que je n’ai quitté la maison. J’ai pris ce parti pour guérir mon rhume qui est devenu très violent faute de ménagements3. Je m’enferme tout à fait et ne suis mieux que depuis hier. Je devais aller mercredi dîner et entendre la musique chez la Psse Marcelline ; j’ai été forcé de m’excuser. La voilà qui me convoque de nouveau à aller entendre une messe en musique de Gounod à St Eustache , cérémonie dans laquelle elle se propose de quêter, mais d’où je pourrais rapporter un rhume enté sur tous les autres et cela pour une médiocre distraction. Je n’aime pas beaucoup les violons à l’église et je trouve qu’après une mauvaise messe en musique, ce qu’il y a de plus ennuyeux, c’est une bonne messe en musique.

Je vous dis adieu en éternuant et avec l’espoir de vous revoir bientôt.

Recevez mille amitiés sincères.

Eug. Delacroix


1 Nous n’avons aucune information sur cet incident : Delacroix n’y fait pas la moindre allusion dans son Journal.
2 Le vicomte d’Osembray avait prêté, non sans se faire prier et grâce aux bons offices de Berryer, La Bataille de Poitiers (Paris, musée du Louvre). Voir à ce sujet l’échange de lettres entre Delacroix et Berryer, ainsi que la réponse du vicomte d’Osembray Paris, musée Eugène Delacroix, LA 31 631/18 à LA 31 631/24).
3 Delacroix avait pris froid en allant écouter Il Trovatore de Verdi, le 20 novembre, et ne quittait plus son logement (Journal, éd. Hannoosh, t. I, p. 973).

 

 

Transcription originale

Page 1

 

Ce 24 nov. 1855.

Mon cher cousin,

J’ai eu l’emotion que vous
pouvez imaginer pour ce feu. dès
le lendemain j’avais pris mes me-
-sures pour en tirer de l’exposition [3 mots interlinéaires] les tableaux qui
ne sont pas au gouvernement. une
partie de ces derniers a eté placée
au palais de l’Industrie : quant
aux autres, ils ont eté remis à leurs
proprietaires respectifs : je n’ai conser-
-vé que ceux dont les bordures ont
besoin de petites reparations. Mr.
d’Osembray a le sien maintenant :
je n’ai pu le faire accompagner que
d’une lettre : voici quatre ou cinq
jours, ou plutot je crois depuis cette

 

Page 2

 

soirée de l’incendie où je suis
resté jusqu’au moment où on
l’avait assez maitrisé pour etre as-
-suré de l’empecher de s’etendre, que
je n’ai quitté la maison. J’ai
pris ce parti pour guerir mon rhume
qui est devenu tres violent faute
de ménagemens. Je m’enferme
tout à fait et ne suis mieux que
depuis hier. Je devais aller mer-
-credi diner et entendre la musique
Chez la Psse Marcelline ; j’ai eté
forcé de m’excuser : La voila qui
me convoque de nouveau à aller
entendre une messe en musique de
Gounod à St Eustache, cérémonie
dans laquelle elle se propose de
quêter, mais d’ou je pourrais rapporter
un rhume enté sur tous les autres

 

Page 3

 

et cela pour une médiocre dis-
-traction. Je n’aime pas beaucoup les
violons à l’Eglise et je trouve qu’après
une mauvaise messe en musique,
Ce qu’il y a de plus ennuyeux c’est une
bonne messe en musique.

Je vous dis adieu en eternuant
et avec l’espoir de vous revoir bientot.

Recevez mille amities sincères

Eug Delacroix

 

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