Lettre à Pierre-Antoine Berryer, 27 octobre 1855

  • Cote de la lettre ED-MD-1855-OCT-27-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Pierre-Antoine BERRYER
  • Date 27 Octobre 18[55]
  • Lieux de conservation Paris, musée Eugène Delacroix
  • Éditions précédentes -
    , inédite.
  • Historique Acquise par le service des bibliothèques et des archives des musées nationaux avec la participation de la Société des Amis d’Eugène Delacroix auprès de la librairie Les Autographes, février 1992.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 3
  • Présence d’un croquis Non
  • Format in - 8°
  • Dimension en cm 20,8x27
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque LA 31631/37
  • Données matérielles pliée en 3
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Transcription modernisée

 

Paris 27 oct.

Mon cher cousin,

Je me flattais de pouvoir aller un peu à Champrosay en attendant le plaisir d’aller vous voir, comptant sur quelques intervalles entre nos séances du jury1 qui me permissent de respirer l’air des champs au lieu de rester à Paris à ne rien faire. La facilité de l’allée et de la venue me donnait cette espérance. Il a fallu y renoncer et me plonger dans une besogne dont je n’avais pas l’idée, celle de relever et de comparer tous les ouvrages de la peinture, de la gravure et de la lithographie. Ces malheureuses opérations du jury ont été envoyées dès le début par une levée de boucliers de vos collègues des Beaux-Arts contre la pluralité des médailles d’honneur, mesure arrêtée à l’avance, croyons-nous, à cause de la diversité des talents et de la présence au concours d’artistes étrangers pour lesquels on veut être un peu aimable2. Cette question qui est à peu près vidée ne nous permet de commencer à nous occuper des personnes que lundi prochain 29 et je ne peux prévoir la fin de tout cela. Je serai probablement induit, je le crains, à toutes sortes de politesses réciproques avec lesdits étrangers, toutes causes de perte de temps, le plus précieux du monde puisque je devais le passer près de vous et vos aimables hôtes.

Cher cousin, pardonnez-moi donc : si je peux disposer de quelques jours, je volerai à Augerville3 mais je crains que cela soit impossible. Vous auriez un mot de moi la veille de mon arrivée, si j’arrive.

Mille et mille regrets mêlés d’un peu d’espoir et mille hommages aux amis qui sont près de vous.

Votre bien dévoué

Eug. Delacroix


1 Delacroix fait partie du jury chargé de décerner les récompenses à la fin de l’Exposition universelle. La première séance avait eu lieu le 15 octobre (cf. Journal, éd. Hannoosh, t. I, p. 967).

2 Dès la première séance, Delacroix avait été témoin de la vive opposition des membres de l’Institut concernant le nombre des médailles d’honneur (Journal, éd. Hannoosh, t. I, p. 967). Le 18 octobre, Delacroix notait que la présence d’artistes étrangers rendait la tâche encore plus délicate (Paris, Bibliothèque de l’INHA, collections Jacques Doucet, Ms 242 (74) ; Joubin, Corr. gén, t. III, p. 297).

3 Augerville-la-Rivière, près de Malesherbes, où Berryer avait une petite propriété au milieu d’un parc traversé par l’Essonne. Delacroix y fit plusieurs séjours, le premier en 1854 (20-28 mai).

 

Transcription originale

Page 1

 

Paris 27 oct.

Mon cher cousin,

Je me flattais de
pouvoir aller un peu à Champrosay
en attendant le plaisir d’aller vous voir
comptant sur quelques intervales entre
nos séances du jury, qui me permissent
de respirer l’air des champs au lieu de
rester à Paris à ne rien faire. La facilité
de l’allée et de la venue me donnait
cette esperance. Il a fallu y renoncer et
me plonger dans une besogne dont je n’avais
pas l’idée, celle de relever et de comparer
tous les ouvrages de la peinture, de la gravure
et de la lithographie. Ces malheureuses ope-
-rations du jury ont eté envoyées dès
le debut par une levée de boucliers de
vos collegues des beaux arts contre la pluralité
des médailles d’honneur, mesure arretée à
l’avance, croyons nous, à cause de la diversité

 

Page 2

 

des talens et de la présence au concours
d’artistes etrangers pour lesquels on veut
etre un peu aimable. Cette question
qui est a peu près vidée ne nous permet
de commencer à nous occuper des
personnes que lundi prochain 29 et
je ne peux prévoir la fin de tout cela.
je serai probablement induit, je le
crains, à toutes sortes de politesses reci-
-proques avec les dits etrangers, toutes
causes de perte de temps, le plus precieux
du monde puisque je devais le passer
près de vous et vos aimables hôtes.

Cher cousin, pardonnez moi donc :
si je peux disposer de quelques jours, je
volerai à augerville, mais je crains
que cela soit impossible. vous auriez
un mot de moi la veille de mon
arrivée, si j’arrive.

Mille et mille regrets melés d’un
peu d’espoir et mille hommages aux

 

Page 3

 

amis qui sont près de vous.

votre bien devoué

Eug Delacroix

 

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