Ce 17 oct. 1855

Mon cher cousin,

J’ai reçu votre lettre si aimable avant hier à mon arrivée¹. Notre jury a commencé le jour même et nos opérations très fatigantes et très compromettantes continuent. On n’a fait que poser des bases relatives au nombre des médailles, à la manière de voter αc.² Nous ne commencerons à nous occuper des personnes, véritable entrée en matière, que lundi prochain qui sera déjà le 22. Vous jugez de mon impatience. J’ai fait mes efforts pour faire abréger tout cela et cela pouvait se faire sans alarmer les consciences, mais nous avons à faire aux quatre parties du monde et il y a confusion de langues et d’idées³. Je ne resterai pas une minute de plus que ce qui sera nécessaire et j’irai vous remercier encore de votre souvenir et jouir de ces bonnes heures que vous me permettez de passer près de vous en société de si aimables personnes.

Vous seriez bien bon de m’envoyer comme vous me l’annoncez, les détails relatifs à la voie de Fontainebleau⁴. Je vous écrirai de mon côté le jour de mon arrivée aussitôt que je pourrai le faire avec certitude.

Recevez mille tendres amitiés et dévouements.

Eug. Delacroix

¹ Delacroix revient de Dieppe où il se trouvait depuis le 3 octobre (cf. Journal, éd. Hannoosh, t. I, p. 959).

² Delacroix fait partie du jury des récompenses de l’Exposition universelle. Le 15 octobre avait eu lieu la première séance pour juger les prix de peinture. Parmi les sujets à l’ordre du jour, le nombre des médailles d’honneur avait d’emblée suscité de vives discussions (cf. Journal, éd. Hannoosh, t. I, p. 967 et note 1).

³ Dans une lettre à Haro, le 20 octobre 1855, Delacroix fait allusion à la mauvaise organisation des séances (Joubin, Corr. gén, t. III, p. 298 ; Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, AR 20L25).

⁴ Dans sa lettre du 13 octobre 1855 (Paris, musée Eugène Delacroix LA 31 631/34), Berryer avait indiqué à Delacroix qu’il y avait désormais « un service de voitures pour venir de Fontainebleau à Malesherbes dans la matinée ».

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Ce 17 oct. 1855.

Mon cher cousin,

J’ai reçu votre lettre si aimable
avant hier à mon arrivée : notre jury
a commencé le jour même et nos
operations très fatigantes et tres compro-
-mettantes continuent : on n’a fait que
poser des bases relatives au nombre des
médailles, à la manière de voter αc
nous ne commencerons à nous occuper
des personnes, veritable entrée en matiere,
que lundi prochain qui sera deja le 22.
vous jugez de mon impatience. J’ai fait
mes efforts pour faire abreger tout cela et
cela pouvait se faire sans allarmer les
consciences : mais nous avons à faire aux
quatre parties du monde, et il y a

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confusion de langues et d’idées.
je ne resterai pas une minute de plus
que ce qui sera nécessaire et j’irai vous
remercier encore de votre souvenir et
jouir de ces bonnes heures que vous
me permettez de passer près de vous en
societé de si aimables personnes.

Vous seriez bien bon de m’envoyer
comme vous me l’annoncez, les details
relatifs à la voie de fontainebleau : je
vous ecrirai de mon coté le jour de
mon arrivée aussitot que je pourrai
le faire avec certitude.

Recevez mille tendres amities
et dévouements.

Eug Delacroix