Champrosay, ce 9 9^bre

Mon cher cousin,

Me voici de retour pour bien peu de temps dans mon ermitage où tout me parait triste et désert. Je n’ai pas impunément passé tant de temps près de vous et dans le plus agréable lieu du monde¹. Je serais déjà reparti sans les petits arrangements qui me retiennent ici pour quelques jours. J’avais à cœur de vous dire combien j’ai trouvé rapides tant de moments que vous avez rendus si charmants. Quant à notre voyage, vous en avez eu des nouvelles assurément, du moins sur ce qui concerne la première partie. Pour la seconde, elle n’a pas été moins heureuse, sauf le regret qu’entrainent les séparations de tout ce qui est aimable. Soyez assez bon pour exprimer à Madame et à Mademoiselle de Vaufreland², puisque vous êtes encore assez heureux pour les posséder, combien j’ai été heureux de leur grâce et de leur bonté. Assurez-les de mes respectueux sentiments et dites à M. Richomme³ que je ne puis oublier non plus son amabilité pour moi et que je l’aime pour toute l’amitié qu’il a pour vous.

Recevez, mon cher cousin mille nouvelles expressions de mon attachement.

Eug. Delacroix

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¹ Augerville-la-Rivière, près de Malesherbes (Loiret), où Berryer avait une propriété. Delacroix y avait séjourné du 23 octobre au 7 novembre (cf. Journal, éd. Hannosh, t. I, p. 855 à 862).

² Delacroix mentionne une promenade avec Mlle de Vaufreland le 31 octobre (Journal, éd. Hannoosh, t. I, p. 862), sans doute Anne-Louise-Marie-Françoise-Eléonore (1829-1886).

³ Ancien secrétaire de Berryer père, camarade d’enfance de Pierre-Antoine Berryer avec qui il avait fait son droit, Richomme (dates inconnues) était un habitué d’Augerville. Surnommé Rikomski par Mme Berryer, il avait un physique peu séduisant mais un esprit original (Berryer. Souvenirs intimes par Mme la Vtesse de Janzé, née Choiseul, Paris, E. Plon et Cie Imprimeurs-Editeurs, 1881, p. 209-211 et Souvenirs de Madame C. Jaubert. Lettres et Correspondances, Paris, J. Hetzel et Cie Editeurs, [1881], p. 6-7).

 

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Champrosay ce 9 9^bre

Mon cher cousin

Me voici de retour
pour bien peu de temps dans mon
hermitage où tout me parait triste
et desert : je n’ai pas impunement
passé tant de temps près de vous et
dans le plus agreable lieu du monde :
je serais deja reparti sans les petits
arrangements qui me retiennent ici
pour quelques jours. J’avais à cœur
de vous dire combien j’ai trouvé rapides
tant de moments que vous avez
rendus si charmants : quant à notre
voyage vous en avez eu des nouvelles
assurement, du moins sur ce qui concerne
la premiere partie; pour la seconde,

 

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Elle n’a pas eté moins heureuse,
sauf le regret qu’entrainent les
separations de tout ce qui est
aimable. Soyez assez bon pour exprimer
à Madame et à Mademoiselle
de Vaufreland puisque vous etes
encore assez heureux pour les posseder,
combien j’ai eté heureux de leur
grâce et de leur bonté : assurez les
de mes respectueux sentiments et
dites à M. Richomme que je
ne puis oublier non plus son amabilité
pour moi et que je l’aime pour
toute l’amitié qu’il a pour vous.

Recevez, mon cher cousin mille
nouvelles expressions de mon attachement.

Eug Delacroix