Lettre à Jean-Baptiste Pierret, 25 août 1819

  • Cote de la lettre ED-ML-1819-AOU-25-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Jean-Baptiste PIERRET
  • Date 25 Août [1819]
  • Lieux de conservation Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques
  • Éditions précédentes Joubin, Correspondance générale, 1936-38
    , 1935, t. 1, p. 41 ; Chillaz, 1997, p. 102, Aut. 521.
  • Historique Legs Etienne Moreau-Nélaton, 1927
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 2
  • Présence d’un croquis Non
  • Format in - 8°
  • Dimension en cm 24 x18
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe non Signée
  • Cote musée bibliothèque AR 18L8
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Transcription modernisée

25 août au matin [1819]1

Adieu2 donc, mon bon cher petit ami, adieu, adieu. Pourquoi ne t’ai-je pas embrassé ? J’ai craint qu’il ne te soit arrivé quelque chose. Ce bon Félix a partagé mes embarras de départ. J’aurais bien voulu pouvoir te donner un peu de peine pour moi. Tu sais ce que je t’ai dit pour Caroline3 et ce que tu as eu la bonté de me promettre. Je suis bien fâché aussi de n’avoir pu la voir, cette pauvre fille, avant mon départ. Dis-le-lui. Adieu. Les heures sonnent souvent. Je pensais presque que je te verrais encore quand j’ai commencé ce billet. Dis à ta mère que je me proposais d’aller hier lui faire mes adieux et la remercier ainsi que ta famille de la bonté avec laquelle j’ai été reçu par tous. Je ne l’ai pas pu. Mais qu’est-ce donc ? Je suis bien ému. J’espère pourtant que nous nous reverrons.
Adieu, bonne et franche et éternelle amitié.

(Ecrit à la verticale sur le côté gauche de la feuille :)
Le portier a ordre de te donner la clef de ma chambre pour ce dont tu auras besoin. Couleurs et pinceaux t’attendent. Travaille un peu, mon bon. Adieu, adieu.

 

Adresse
A Monsieur
Pierret jeune
rue du four St Germain
n°50
Paris

 


1L’évocation de Caroline, servante d’Henriette de Verninac, avec laquelle le peintre eut une liaison, permet de dater cette lettre de 1819. Suite à des difficultés financières, les Verninac, ne pouvant plus vivre à Paris, s’installent dans la propriété familiale de la forêt de Boixe, près de Mansle en Charente; dès 1819. Caroline est alors confiée à la famille Pierret. (Voir aussi lettre de Delacroix à Pierret, 6 septembre 1819.)
2Delacroix restera jusqu’à la mi-novembre environ dans la propriété familiale.
3Gustave Lassalle-Bordes, l’élève et collaborateur congédié par Delacroix après 1847, prétendait que Caroline était justement celle qui, sous le nom de Jenny, devint la gouvernante de Delacroix (vers 1835) et aurait eu de lui une enfant morte en bas âge. En réalité, il s’agit d’un ragot suscité par la rancune vaniteuse du collaborateur.qui ne supportait pas d’être dans l’ombre du maître. Il est improbable que Delacroix ait renoué une liaison après 15 ans. Par ailleurs, Jenny, d’origine bretonne, se prénommait Jeanne-Marie et non Caroline.

 

 

 

Transcription originale

Page 1

25 août au matin.

Adieu donc, mon bon cher petit ami, adieu
adieu. Pourquoi ne t’ai-je pas embrassé. J’ai
craint qu’il ne te soit arrivé quelque chose.
Ce bon felix [mot barré] a partagé mes embarras de depart
J’aurais bien voulu pouvoir te donner un peu
de peine pour moi. Tu sais ce que je tai dit
pour Caroline et ce que tu as eu la bonté de me
promettre. Je suis bien faché aussi de n’avoir pu
la voir cette pauvre fille avant mon depart. Dis le
lui. adieu Les heures sonnent souvent─ Je []sais1
presque que je te verrais encore quand j’ai
commencé ce billet. Dis à ta mère que je
me proposais d’aller hier lui faire mes adieux et
la remercier ainsi que ta famille de la bonté avec
laquelle j’ai été reçu par tous. Je ne l’ai pas
pu. ─ Mais qu’estce donc : je suis bien ému. j espère
pourtant que nous nous reverrons.
adieu bonne et franche et
eternelle amitié.

(Ecrit à la verticale sur le côté gauche de la feuille :)

Le portier a ordre de te donner la clef de ma chambre pour ce dont tu auras
besoin. Couleur et pinceaux t’attendent. travaille un peu mon bon. adieu adieu

 


1Première syllabe illisible sur l’original. Joubin écrit "pensais".

 

Page 2

A Monsieur
Pierret jeune
rue du four St Germain
n°50
Paris

 

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