Lettre à Alexandrine Lamey, 25 août 1855

  • Cote de la lettre ED-IN-1855-AOU-25-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Alexandrine LAMEY
  • Date 25 Août 18[55]
  • Lieux de conservation Paris, bibliothèque de l'INHA, collections Jacques Doucet
  • Éditions précédentes Joubin, Correspondance générale, 1936-38
    , t. III, p. 284-285.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 3
  • Présence d’un croquis Non
  • Dimension en cm 20,7x26,8
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque Ms. 238 pièce 9
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Transcription modernisée

Ce 25 août [1855]

 

Chère bonne cousine, je vous écris à la hâte entre deux petites excursions, car je n’étais pas à Paris quand est arrivée la lettre si aimable de mon cher cousin : d’ailleurs, il y a quelques jours même, je n’étais pas fixé sur la manière dont je pourrais arranger mon temps pour cet automne. Je réponds à votre lettre pour vous dire que je serai libre vers la fin de septembre, ce qui concorde avec les projets que vous aviez formés1. Je pense que je pourrais être à Strasbourg vers le 20 et si je peux quelques jours avant : ainsi vous serez de retour de votre tournée à Baden. J’aurais été bien heureux de vous y joindre, mais je suis trop retenu ici. Je me réjouis bien de vous embrasser prochainement : je crois effectivement que vous avez bien fait de ne pas vous fourrer dans cet océan de population qui s’est emparé de Paris, qui mange tout, obstrue tout et fait tout renchérir. On ne peut avoir ni une voiture, ni un omnibus 2. On m’a pris 10 francs avant-hier pour me conduire à l’hôtel de ville le jour du bal3.

À bientôt, bonne et chère amie, je vous écris à la hâte, mais bientôt nous nous parlerons plus longuement.

À vous de tout cœur,

Eugène Delacroix

 

Mon cher cousin, je ne réponds que deux mots à votre bonne lettre, pour vous en remercier d’abord, et pour vous assurer ensuite du plaisir que j’aurai à vous voir bientôt et à reprendre nos conversations à perte de vue. Vous avez pris le bon parti pour votre tranquillité en négligeant Paris cette année, d’autant plus que cet arrangement ne me privera pas du plaisir de vous voir et de vous embrasser. Conservez-vous bien et croyez à mon inaltérable attachement.

E. D.

Je vous écrirai au moment de me mettre en route.

 


1 Depuis quelques années, Delacroix souhaite se rendre à Strasbourg chez ses cousins.
2 La Reine Victoria  et le Prince Albert, invités par Napoléon III à l’occasion de l’Exposition universelle, sont en France du 17 au 28 août 1855. Delacroix note dans son Journal le 18 août 1855 : " Arrivée de la reine d’Angleterre. Je sors de l’Eglise vers trois heures pour rentrer chez moi. Point de voiture. Paris est fou ce jour-là. On ne rencontre que corps de métiers, femmes de la halle, filles vêtues de blanc, tout cela bannière en tête et se poussant pour faire bonne réception. Le fait est que personne n’a rien vu, la reine étant arrivée à la nuit. [...] Revenu au milieu d’une cohue épouvantable" (Journal, éd. Hannoosh, t. I, p. 933).
3 De nombreuses cérémonies officielles, visites et divertissements sont organisés en l’honneur du couple royal. Le 23 août 1855, la ville de Paris donne un somptueux bal à l’Hôtel de ville avec près de huit mille invités. Delacroix, convié en qualité de conseiller municipal, relate ainsi la soirée : " Chaleur affreuse. [...] J’ai fait le tour de l’Hôtel de Ville deux ou trois fois pour conquérir un verre de punch. J’étais glacé, tant j’étais baigné de sueur. Quelles insipides réunions!" (Journal, éd. Hannoosh, t. I, p. 934).

 

Transcription originale

Page 1

Ce 25 aout

 

Chère bonne cousine, je vous
ecris à la hate entre deux petites
excursions, car je n’etais pas à Paris
quand est arrivée la lettre si aimable
de mon cher cousin : d’ailleurs, il y a
quelques jours même, je n’etais pas
fixé sur la manière dont je pourrais
arranger mon temps pour cette automne.
Je reponds à votre lettre pour [mot interlinéaire] vous dire
que je serai libre vers la fin de
septembre, ce qui concorde avec les
projets que vous aviez formés : je
pense que je pourrais être à Strasbourg
vers le 20 et si je peux quelques
jours avant : ainsi vous serez de retour
de votre tournée à Baden. J’aurais
été bien heureux de vous y joindre, mais

 

Page 2

je suis trop retenu ici. Je me
réjouis bien de vous embrasser
prochainement : je crois effectivement
que vous avez bien fait de ne pas
vous fourrer dans cet ocean de
population qui s’est emparé de Paris,
qui mange tout, obstrue tout et fait
tout rencherir. On ne peut avoir ni
une voiture ni un omnibus. On
m’a pris 10 fr avant hier pour me
conduire à l’hotel de ville le jour du
bal.

à bientôt bonne et chère amie
je vous ecris à la hate, mais bientôt
nous nous parlerons plus longuement.

à vous de tout cœur

EugDelacroix

 

Mon cher cousin, je ne réponds que
deux mots à votre bonne lettre, pour

 

Page 3

vous en remercier d’abord, et pour
vous assurer ensuite du plaisir que
j’aurai à vous voir bientôt et à
reprendre nos conversations à perte
de vue. Vous avez pris le bon
parti pour votre tranquillité en né-
-gligeant Paris cette année, d’autant
plus que cet arrangement ne me
privera pas du plaisir de vous voir
et de vous embrasser. Conservez vous
bien et croyez à mon inalterable
attachement

E. D.

 

Je vous ecrirai au moment de
me mettre en route.

 

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