Lettre à George Sand, fin 1844 début 1845

  • Cote de la lettre ED-IN-1844-XXX-XX-B
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire George SAND
  • Date -- 18[44]
  • Lieux de conservation Paris, bibliothèque de l'INHA, collections Jacques Doucet
  • Éditions précédentes Joubin, Correspondance générale, 1936-38
    , t. II, p. 52. L’Art vivant, 1er août 1930, p. 600. Alexandre, 2005, p. 150.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 1
  • Présence d’un croquis Non
  • Dimension en cm 20,8x13,4
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque Ms. 236 pièce 18
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Transcription modernisée

[vers 1840]1

Chère amie, ô Phyngari,2 je distille entre mes dents d’homme le fiel le plus bleuâtre ! J’étais sorti, trois fois sorti, neuf fois sorti, autant de fois que vous avez sonné ; ma portière n’est qu’un insecte qui ne sait ce qu’elle dit. Quelque chose me disait de rester. J’avais été faire une corvée pour rendre service à un animal de peintre et le b... m’a manqué de parole par-dessus le marché. À ce soir, donc. Je suis furieux, désolé, mais Mozart ce soir fera rentrer dans son lit, j’espère, la pommade bouillonnante de ma colère d’Olympio3.

Mille millions de désespoirs entassés et léchant le ciel bleu ne peignent pas la cent millième partie de l’hypostase frénétique où mon cœur se baigne.

Eugène

 


1 Inscription postérieure. Joubin date la lettre de 1840 mais Françoise Alexandre propose fin 1844 ou début 1845. Selon elle, c’est la réponse à une lettre de George Sand où elle fait allusion à Mozart, à des coups de sonnettes et qu’elle adresse au peintre rue Notre-Dame-de-Lorette où il réside seulement à partir d’octobre 1844 (Alexandre, 2005, p. 255-256 n. 1 de la page 150).
2 Déèsse de la lune pour les Turcs. L’écrivain a, à quelques reprises, fait allusion à Phingari dans sa correspondance à Musset ou dans ses écrits. Ici, George Sand est identifiée à Phingari ce qui, selon Françoise Alexandre, est une référence probable à l’oeuvre de l’écrivain ou une antithèse de son prénom : Aurore/Lune que justifie le style de la lettre précédente de George Sand (Alexandre, 2005, p. 256 n. 2 de la page 150).
3 "La Tristesse d’Olympio" poème de Victor Hugo publié dans le recueil Les Rayons et les Ombres, en 1837.

 

Transcription originale

Page 1

Chère amie, O Phyngari je
distille entre mes dents d’homme le
fiel le plus bleuâtre ! j’étais sorti, trois
fois sorti neuf fois sorti autant de fois
que vous avez sonné, ma portière n’est
qu’un insecte qui ne sait ce qu’elle dit.
Quelquechose me disait de rester. j’avais
été faire une corvée pour rendre service
à un animal de peintre et le b…
m’a manqué de parole par-dessus le marché.
A ce soir donc. Je suis furieux, désolé
mais Mozart ce soir fera rentrer dans
son lit j’espère la pommade bouillon-
-nante de ma colere d’Olimpio.

Mille millions de desespoirs
entassés et léchant le ciel bleu ne peignent
pas la cent millième partie de l’hypostase
frenetique ou mon cœur se baigne.

Eug

 

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