Lettre à Henriette de Verninac, 9 février 1822

  • Cote de la lettre ED-IN-1822-FEV-09
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Henriette de VERNINAC
  • Date 09 Février 1822
  • Lieux de conservation Paris, bibliothèque de l'INHA, collections Jacques Doucet
  • Éditions précédentes Joubin, Correspondance générale, 1936-38
    , t. V, p. 106-107.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 2
  • Présence d’un croquis Non
  • Dimension en cm 23,8x18,6
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque Ms. 241 pièce 43
  • Données matérielles Manque au niveau de la bordure gauche
  • Œuvre concernée Barque de Dante (la)
Agrandir la page 1
Agrandir la page 2

Transcription modernisée

À Madame Verninac
Poste restante
À Mansle. Charente1.

Le 9 février 1822.

Ma chère soeur,

Il y a longtemps que je ne t’ai écrit. Je suis accablé de besogne. Si je viens à bout de ce que j’entrepends j’aurai fait en deux mois seulement un tableau assez considérable et qui pourrait contribuer à me faire connaître2. Je ne reviendrai pas sur la doléance des frais qu’il m’occasionne et de l’embarras où je me trouve. Vous devez être vous même assez gênée à cause de la maladie de mon beau-frère, qui ne semble pas avoir changé d’état [si] j’en juge par ta lettre à mon oncle Pascot, où tu n’annonces aucun changement. J’entrevois grâces aux soins que je me donne, l’instant où la peinture pourra peut-être me valoir quelque lucre. Mais tant qu’on n’a pas la vogue, il faut vivre chichement. Je t’envoie le sous-seing des anglaises3. Je suis péniblement surpris que tu renonces à vouloir le consommer. Sur l’autorisation que tu m’en avais donné j’avais donné ma parole, et promis la location. Mme Cazenave4 y a également consenti. Quand au sujet pour lequel mon beau-frère me chargeait de la voir, elle m’a répondu qu’elle ne pouvait savoir encore sa décision au sujet de la prolongation du bail. Que d’ailleurs ayant encore un an environ, elle nous ferait connaître sa résolution dans les termes ordinaires. Je regrette de ne pouvoir m’étendre d’avantage. Je le ferai j’espère prochainement. En attendant je t’embrasse tendrement ainsi que mon beau-frère, dont l’état m’afflige évidement, et Charles ta consolation dans tes peines et mon meilleur ami. J’aspire à l’instant où je pourrai vous voir tous et me rafraîchir un peu en famille5.

E. Delacroix

J’oubliais de te dire que dans l’envoi qui a été fait aus[si pro]mptement que tu me l’avais demandé j’avais mis des tasses les plus communes que j’ai pu trouver à la place des blanches que la portière avait momentanément égarees. Le reste est exactement dans l’état où tu l’avais demandé.

 


1 On trouve autour de l’adresse de nombreuses additions rajoutées dans un second temps.
2 La Barque de Dante.
3 Les soeurs O’Fareill, souvent dites les anglaises, sous-locataires au 114, rue de l’Université.
4 Propriétaire de la maison de la rue de l’Université.
5 Dans la demeure familiale de la fôret de Boixe.

Transcription originale

Page 1

À Madame

Madame Verninac

Poste restante.

À Mansle.

Charente

[La feuille comprend un grand nombre d’additions rajoutées dans un second temps]

Page 2

Le 9 fevrier 1822.

Ma chère soeur,

Il y a longtemps que je ne t’ai ecrit. je suis
accablé de besogne. Si je viens à bout de ce que j’entrepends
j’aurai fait en deux mois seulement un tableau assez
Considerable et qui pourrait Contribuer à me faire Connaitre.
je ne reviendrai pas sur la doleance des frais qu’il m’occasionne
et de l’embarras ou je me trouve. Vous devez etre
vous même assez genés à cause de la maladie de mon
beau frère, qui ne semble pas avoir changé d’etat
j’en juge par ta lettre à mon oncle Pascot, ou tu
n’annonces aucun changement. J’entrevois graces aux
soins que je me donne L’instant où La peinture pourra
peut etre me valoir quelque lucre. Mais tant qu’on
n’a pas la vogue, il faut vivre chichement. je t’envoye le
sous seing des Anglaises. je suis peniblement surpris que tu renonces à vouloir
le consommer. Sur l’autorisation que tu m’en avais donné j’avais donné
ma parole, et promis la location. Mde Cazenave y a egalement Consenti.
quand au sujet pour lequel mon beaufrère me chargeait de la voir, elle m’a
repondu qu’elle ne pouvait savoir encore sa decision au sujet de la prolongation
du bail. que d’ailleurs ayant encore un an environ, elle nous ferait connaitre
sa resolution dans Les termes ordinaires. Je regrette de ne pouvoir m’etendre
d’avantage. je le ferai j’espère prochainement. En attendant je t’embrasse tendrement ainsi
que mon beaufrere dont l’etat m’afflige evidement, et charles ta Consolation dans tes
peines et mon meilleur ami. J’aspire à l’instant où je pourrai vous voir tous et
me rafraichir un peu en famille.

E. delacroix

[addenda marge gauche en vertical]

j’oubliais de te dire que dans l’envoi qui a ete fait aus[si pro]mptement que tu me l’avais demandé j’avais mis des tasses les plus
communes que j’ai pu trouver à la place des blanches que la portière avait momentanement egarees. Le reste est exactement
dans l’etat ou tu L’avais demande. -

Précédent | Suivant