Lettre à Charles de Verninac, 11 octobre 1821

  • Cote de la lettre ED-IN-1821-OCT-11-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire Charles de VERNINAC
  • Date 11 Octobre 1821
  • Lieux de conservation Paris, bibliothèque de l'INHA, collections Jacques Doucet
  • Éditions précédentes Joubin, Correspondance générale, 1936-38
    , t. V, p. 97-98.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 4
  • Présence d’un croquis Non
  • Dimension en cm 23,8x37,6
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque Ms. 241 pièce 37 bis
  • Cachet de la poste [1er cachet triangulaire] P ; [2e cachet] DÉB. 16 // TONNAY-CHARENTE // 20. 9bre 1821 [écriture manuscrite]
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Transcription modernisée

A Monsieur Charles Verninac
Poste restante.
A Mansle. Département de la Charente.

le 11 octobre 1821

J’ai reçu ta lettre avec bien de plaisir, mon cher Charles : j’étais fort inquiet de tout ce qui pouvait vous être arrivé là-bas. D’un côté, la santé de mon beau-frère, d’un autre, les jours qui s’écoulaient sans te ramener pour commencer tes études de droit1. Tout cela s’éclaircit d’une manière très satisfaisante et tu ne manqueras pas d’amusement jusqu’au moment où je dois te revoir. François, ton cousin, est arrivé à Paris pour prendre ses inscriptions et impatient de suivre ses cours avec toi. C’est un plaisir dont il sera privé. Il était fort inquiet pour ce qui allait arriver de ton retard, qu’il voyait se prolonger outre mesure. Il paraît que tes anciens camarades2 ont résolu de se réunir ces jours-ci dans un dîner. Ils sont venus plusieurs fois à la maison et toujours on leur a répondu qu’on t’attendait encore. Je me ferai un plaisir de leur faire part du motif très puissant qui t’empêche de te réunir à eux, pour qu’ils n’imputent pas ton absence à autre motif que ton séjour à la forêt. Dis à ma soeur qu’elle me ferait bien plaisir de m’écrire quelque peu. Dis-lui que le poêle de la portière fume horriblement dans les appartements. J’ai consulté plusieurs fumistes qui parlent de sommes énormes de 35 ou 40 francs pour le faire aller. Enfin je suis résolu de m’en rapporter à celui de mon oncle qui j’espère fera les choses en conscience. Presse je te prie aussi pour qu’on m’envoie le plus tôt possible le complément de ce que tu sais que j’ai avancé pour ton voyage3. Cela me met depuis deux ou trois mois dans un embarras continuel.

Mes compliments à mon ami Soliveau4. Je me recommande aussi pour les peaux que tu m’a promises et tu sais qu’elles sont excellentes en hiver. Enfin amuse-toi bien porte-toi bien. J’avais arrangé, comptant sur ton retour, des leçons d’armes, qui devaient être excellentes et nous revenir à très bon marché. Ce sera pour ton retour. Adieu, embrasse bien ta mère et soigne-la bien comme elle soigne ton père. Tu ne seras pas inutile à sa complète guérison qui ne tardera pas j’espère. Dis-lui en particulier combien je la désire et que je t’embrasse aussi pour finir de tout mon coeur.

E. Delacroix

 


1 Bachelier ès lettres le 11 août 1821, Charles ne commença ses études de droit que l’année suivante.
2 Ceux du Lycée impérial.
3 Dans sa lettre du 4 septembre 1821, Delacroix mentionne 100 francs empruntés pour financer le départ de Charles à la Forêt de Boixe.
4 Chien de chasse de la famille Verninac.

Transcription originale

Page 1

[au-dessus de l’adresse, à l’envers]

Mansle Dépt de la charente
23 9bre

[au-dessus de l’adresse, à l’endroit]

voir au dos

A Monsieur

Monsieur Ch. Verninac

Poste restante

À Mansle Mansle

dépt de la  Charente.

Page 2

le 11 8bre. 1821

J’ai reçu ta lettre avec bien de plaisir, mon
Cher Charles : j’etais fort inquiet de tout
ce qui pouvait vous être arrivé la bas. D’un
coté la santé de mon beaufrere : D’un autre, Les
jours qui s’ecoulaient sans te ramener pour
[mot barré] commencer tes etudes de droit. tout cela
s’eclaircit d’une maniere très satisfaisante et
tu ne manqueras pas d’amusement jusqu’au moment
où je dois te revoir. françois ton cousin est
arrivé à Paris pour prendre ses inscriptions et
impatient de suivre ses cours avec toi. C’est un
plaisir dont il sera privé. Il etait fort inquiet
pour Ce qui allait arriver de ton retard, qu’il voyait
se prolonger outre mesure. – Il parait que tes
anciens camarades ont resolu de se réunir

Page 3

Ces joursci dans un diner. Ils sont venus
plusieurs fois à la maison et toujours on leur
a repondu qu’on t’attendait encore. Je me ferai
un plaisir de leur faire part du motif très
puissant qui t’empeche de te reunir à eux ; pour
quils n’imputent pas ton absence à autre motif
que ton sejour à la foret. Dis à ma soeur quelle
me ferait-bien plaisir de m’ecrire quelquepeu. Dis lui [deux mots interlinéaires]
que [mot interlinéaire]  Le Poële de la portiere fume horriblement dans
les appartemens. j’ai consulté plusieurs fumistes
qui parlent de sommes enormes de 35 ou quarante
francs pour le faire aller. Enfin je suis resolu de
m’en rapporte à celui de mon oncle qui j’espere
fera les choses en conscience. Presse je te prie aussi [mot interlinéaire] pour
qu’on m’envoye Le plustot possible Le complement de [trois mots interlinéaires] ce que tu scais que
j’ai avancé pour ton voyage. Cela me met depuis
deux ou trois mois dans un embarras continuel.

Page 4

Mes complimens à mon ami Soliveau. Je me
recommande aussi pour les peaux que tu
m’a promises et tu scais qu’elles sont excellentes
en hyver. Enfin amuse toi bien porte toi bien.
J’avais arrangé, comptant sur ton retour, des
Leçons d’armes, qui devaient être excellentes et
nous revenir à très bon marche. Ce sera pour
ton retour. Adieu : embrasse bien ta mère et
soigne la bien comme elle soigne ton père. Tu
ne seras pas inutile à sa complette guerison qui ne
tardera pas j’espere. Dis lui en particulier combien
je la desire et que je t’embrasse aussi pour finir
de tout mon coeur.

E. delacroix

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