Lettre à George Sand, fin mai 1835

  • Cote de la lettre ED-IN-1835-XXX-XX-A
  • Auteur Eugène DELACROIX
  • Destinataire George SAND
  • Date [Mai] 18[35]
  • Lieux de conservation Paris, bibliothèque de l'INHA, collections Jacques Doucet
  • Éditions précédentes L’Art vivant, 1er juillet 1930, p. 522. Joubin, Corr. gén, t. I, p. 400. Alexandre, 2005, p. 88.
  • Enveloppe Non
  • Nombre de pages écrites 2
  • Présence d’un croquis Non
  • Dimension en cm 24x18
  • Cachet de cire Non
  • Nature du document Lettre Autographe Signée
  • Cote musée bibliothèque Ms. 236 pièce 2
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Transcription modernisée

Chère madame 1,

Seriez-vous assez bonne pour me dire, par un mot de vous, si Buloz vous a envoyé la feuille d’André où se trouve le morceau que vous voulez bien me copier. Si vous ne l’aviez pas, je me procurerais le livre. Il faudrait même que vous poussiez le dévouement jusqu’à me dire quand je pourrai envoyer chercher l’objet. Il se trouve depuis quelques jours qu’il m’est bien difficile de passer chez vous à l’heure où vous y êtes. Ne vous étonnez pas de mon importunité. La raison en est simple; C’est que j’ai une femme derrière moi2 qui m’ennuie horriblement à votre sujet. Si je vous ennuie un peu à son intention, prenez-vous en à la terrible ténacité de ce sexe charmant dont pourtant vous ne voulez plus être. Tâchez de ne pas être homme non plus. C’est une vilaine bête.

Pardonnez-moi encore une fois et excusez les inconvénients de la célébrité3.

Eugène Delacroix

Ce vendredi matin


1 André Joubin date cette lettre d’avril 1835. Or, Delacroix écrit à François Buloz le 28 avril 1835 pour lui réclamer la dernière livraison d’André parue le 1er avril, afin que l’écrivain copie de sa main le dernier alinéa de ce roman. Delacroix précise qu’il est prêt à se procurer le livre et ce dernier paraît le 23 mai 1835. Ainsi, cette lettre date certainement de fin mai, voire début juin 1835. Enfin, en 1835, les 22 et 29 mai sont un vendredi et Delacroix écrit "ce vendredi matin" (Alexandre, 2005, p. 225, n. 5 de la page 88).
2
Autographe probablement demandé par Joséphine de Forget, très proche de Delacroix (Jobert, 1997, p. 26) et admiratrice de l’oeuvre de Sand (Alexandre, 2005, p. 225, n. 6 de la page 88).
3 A cette date, Sand est plus célèbre que Delacroix. L’écrivain a acquis en quatre ans à peine une grande notoriété grâce à la parution de ses romans dans la presse (Alexandre, 2005, p. 225-226, n. 7 de la page 88).

Transcription originale

Page 1

Chere Madame,
Seriez vous assez bonne pour me dire
par un mot de vous, si Buloz vous
a envoyé la feuille d’André où
se trouve le morceau que vous voulez
bien me copier. Si vous ne l’aviez pas
je me procurerais le livre. — Il faudrait
même que vous poussiez le devouement
jusqu’à me dire quand je pourrai
envoyer chercher l’objet. Il se trouve
depuis quelques jours qu’il m’est
bien difficile de passer chez vous
à l’heure où vous y etes. – Ne
vous etonnez pas de mon importunité.

 

Page 2

La raison en est simple ; C’est que
j’ai une femme derriere moi qui
m’ennuie horriblement à votre
sujet. Si je vous ennuie un peu
à son intention, prenez vous en
à la terrible tenacité de ce sexe
charmant dont pourtant vous
ne voulez plus etre. Tachez de ne
pas etre homme non plus. C’est une
vilaine bête.

Pardonnez moi encore une
fois et excusez les inconvénients
de la celebrité.

EugDelacroix

Ce vendredi matin

 

 

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