Ce lundi 20

[Décembre 1852]

Chère amie, vous seriez bien bonne de m’écrire, aussitôt la présente reçue, par quelle diligence ou chemin de fer je dois vous adresser mon envoi¹ et à quelle destination. Donnez-moi tout de suite ces renseignements-là, pour que vous l’ayez à temps. Recevez mille vœux, puisque l’usage veut qu’on ne soit supposé en faire ou les exprimer que dans ce moment-ci. Je vous souhaite surtout de travailler longtemps, et pour vous et pour nous. Tant que les yeux peuvent voir et la main tenir une plume ou un pinceau, les grands ennemis, l’ennui et la tristesse, sont tenus en échec. Il faut avec cela un peu d’argent et de santé et peut-être pas trop de l’un et de l’autre, parce qu’alors la bête prend le dessus sur la partie raisonnable. Ma bête est bien tranquille à présent parce que mon peu de raison et d’esprit est satisfait. Adieu encore, chère, je vous embrasse tendrement ainsi que Maurice.

Eugène Delacroix

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¹ Il s’agit de l’envoi de Lélia dans la caverne évoqué dans la lettre à Sand du 7 décembre 1852.

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Ce lundi 20.
[Décembre 1852]

Chère amie vous seriez bien
bonne de m’écrire aussitôt la
présente reçue par quelle dili-
-gence ou chemin de fer je dois
vous adresser mon envoi et à
quelle destination. donnez moi
tout de suite ces renseignements
là, pour que vous l’ayez à temps.
Recevez mille vœux puisque
l’usage veut qu’on ne soit supposé
en faire ou les exprimer – que dans
ce moment ci. Je vous souhaite
surtout de travailler longtemps
et pour vous et pour nous. tant
que les yeux peuvent voir et la
main tenir une plume ou un
pinceau, les grands ennemis l’ennui

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et la tristesse sont tenus en
echec. Il faut avec cela un
peu d’argent et de santé et
peut etre pas trop de l’un et de
l’autre, parce qu’alors la bête
prend le dessus sur la partie
raisonnable. ma bête est bien
tranquille à présent parceque
mon peu de raison et d’esprit
est satisfait. Adieu encore
chère je vous embrasse tendrement
ainsi que Maurice.

Eugdelacroix